© zVgChaque compétition Kristallschiessen – ici en 2016 – commence par un contrôle collectif du déchargement.La 20e édition du concours de tir dynamique « Kristallschiessen », réservé aux autorités publiques détentrices d’armes, a été organisée en septembre en Suisse centrale, avec un règlement quelque peu adapté et une victoire inattendue.

C’est en 2003 que Matthias Jurt, à l’époque instructeur ­auprès de la police, a lancé le « Kristallschiessen ». Sa ­vision était de faire accepter, par les autorités porteuses d’armes, le tir de défense dynamique encore largement inconnu à l’époque, mais aujourd’hui devenu une discipline de tir ­sportif très appréciée dans le monde entier sous le nom
« d’IPSC ».

Il y a 20 ans, lors de la première édition, quand 47 membres des corps de police nationaux ont concouru dans la gravière du DSV 357 à Eschenbach, dans le canton de Lucerne, ni eux ni Matthias Jurt n’avaient imaginé que le « Kristallschiessen » allait devenir, en l’espace de quelques années, une manifestation sportive de portée internationale dédiée aux autorités, réunissant chaque année environ 120 porteurs d’armes de service venus de différents pays européens, dont la ­Suisse, l’Autriche, l’Allemagne et le Luxembourg.

Les raisons du succès sont de ce fait multiples. Outre une organisation parfaite, confiée depuis 2015 à l’association « Verein Kristallschiessen », le plaisir de tirer et de participer à une compétition sportive, ce sont surtout les échanges et la camaraderie dépassant le cadre des corps, des institutions, des cantons et des frontières nationales qui rendent le championnat « Championnat d’Europe non officiel de tir dynamique de la police » si séduisant.

© zVgDepuis 2019, en tête du classement dans la catégorie Dames : la garde-frontière Julie Mertenat, ici en passe de décrocher sa quatrième victoire de suite.

Les fondamentaux de la compétition

Des parcours temporaires (stages) sont installés sur le ­terrain militaire « Gnappiried », près de Lucerne, dans sept boxes de courte distance. La maîtrise de toutes les facettes du tir dynamique y est requise - notamment la manipulation sûre de l’arme, l’identification rapide et assurée de la cible, le tir précis à partir de diverses positions ou encore le tir avec la main dominante ou la main secondaire - ainsi qu’une bonne condition physique et une stabilité psychique. Car à la fin, seul le facteur temps fait la différence entre la victoire et la défaite.

Un règlement adapté à l’occasion de l’anniversaire

Pour le 20e anniversaire de la compétition « Kristallschiessen », le règlement a fait l’objet de deux modifications de poids, à savoir : plutôt que de procéder à un classement « par facteur » complexe (et très chronophage pour le jury) sur la base des règles officielles de l’IPSC – où un facteur est calculé à partir du temps nécessaire et des points obtenus – la notation se fait, pour la première fois cette année, exclusivement sur la base du temps. La prise en compte des fautes de tir est faite en pénalisant les mauvais coups ou les coups manquants par un supplément de temps et non plus par l’octroi de points négatifs.

L’autre adaptation est l’intégration de la nouvelle catégorie « Optics ». Cela fait suite à l’équipement – par certaines, mais de loin pas par toutes les autorités – des armes de fonction de leurs forces d’intervention avec des optiques, notamment des viseurs point rouge. Il faut savoir que le « Kristallschiessen » n’autorise explicitement que l’emploi de la propre arme de fonction. C’est ainsi, qu’à cette occasion, 12 des 121 participants (110 hommes, 11 femmes) ont concouru cette année dans cette catégorie.

© zVgEncore une manifestation de haut niveau organisée pour le 20e anniversaire par : les neuf membres du comité directeur de l’association « Verein Kristallschiessen », sous l’égide du président Jogi Balzer (devant, 3e à partir de la gauche)Un nouveau vainqueur au classement général

Un coup d’œil au classement général nous apprend que le lauréat 2021, Thomas Rohner, collaborateur de la police régionale de Fricktal, qui a remporté cette année la victoire dans la discipline « Optics », n’a pas été en mesure de ­défendre son titre en profitant de la dernière technicité de son arme de service équipée d’une optique. Car avec Simon H.
de la police fédérale autrichienne et Nathan Erdin de la police cantonale argovienne, ce ne sont pas moins de deux tireurs au pistolet avec un viseur classique en acier qui ont réussi à passer plus vite que Thomas Rohner les sept stages au cours desquels il fallait obtenir un total de 148 coups d’évaluation.

Pour Simon H., membre du fameux commando d’intervention (EKO) « Cobra », ce fut son premier succès à la compétition « Kristallschiessen », mais pas sa première victoire en tir sportif. En effet, l’Autrichien a obtenu une fabuleuse 8e place lors de la seconde édition du championnat du monde de tir avec armes de service USIP, qui s’est déroulée en Chine en novembre 2018.

Sa victoire au Kristallschiessen lui a permis d’emboîter le pas à ­Daniel H., un autre membre de « Cobra » qui a emporté en 2018 le « Cristal Grand » en Autriche et qui n’a ­obtenu qu’une « ingrate » ­quatrième place à cette compétition anni­ver­saire.

Comme Daniel H., Nathan Erdin est tout sauf un inconnu au Kirstallschiessen. Après avoir participé de nombreuses fois à cette légendaire compétition, et fait une pause en 2020 et en 2021, le Suisse a, pour cet anniversaire, fait une fois de plus honneur à sa réputation « d’éternel second ». Il a en effet « seulement » décroché la médaille d’argent pour la quatrième fois après 2016, 2017 et 2019.

La meilleure femme de la compétition

La meilleure participante féminine, et par conséquent la gagnante du « Cristal petit », a été – pour la quatrième fois consécutive – la garde-frontière Julie Mertenat. Venue ­spécialement de Romandie, la collaboratrice de l’Office ­fédéral de la douane et de la sécurité des frontières (OFDF), a obtenu, grâce à son tir une fois de plus extrêmement ­précis et rapide, le 35e rang au classement général, à savoir
80.14 points temps derrière le champion Simon H..

© zVgSans la participation d’innombrables bénévoles, comme ces deux dames de la Schutz & Rettung Zürich, le Kristallschiessen ne pourrait pas avoir lieu.Le « podium des dames » a été complété par Amy King (PSV Vorarlberg, 59e au classement général) et 3e place en 2011 et par la médaillée de bronze, Cathia Frei (Police cantonale vaudoise, 68e au classement général) pour la seconde fois médaillée de bronze après 2019. Isabella Zurfluh (police de Lucerne), qui, comme Nathan Erdin, est depuis de nombreuses années une valeur sûre du Kristallschiessen, et qui a remporté les éditions 2013 et 2017, a dû se contenter du
8e rang au classement féminin. Cela lui a valu de se placer au même rang que Stefan Bachmann (police cantonale de ­Fribourg), lequel a également remporté la 8e place cette année, après trois victoires en 2013, 2017 et 2019.

Une équipe de choc et autres temps forts

Le titre de la meilleure équipe 2022 (les trois premiers de chaque équipe ont été évalués) a été remporté par l’équipe de la police fédérale autrichienne (EKO Cobra) devant les membres de la police cantonale d’Argovie et l’équipe de la police municipale de Zurich, qui comptait, avec 18 personnes, le plus grand nombre de participants.

Le meilleur représentant d’Allemagne était le champion de 2014, Jochen Richter (Kollath e.K.), au 10e rang. Également pour cette compétition anniversaire, Nico Crelo, de la police de Lëtzebuerg (63e rang), a, comme chaque année, porté haut les couleurs du Luxembourg.

À la fin d’une longue journée marquée par le tir de près de 18 000 projectiles de 9 mm (dont 4 500 coups de Frangible 9 mm au « Steel-Stage » sponsorisé par RUAG Ammotec), le verdict est tombé : une fois de plus, cette compétition fut parfaitement organisée et passionnante. Tous les participants se réjouissent d’ores et déjà pour la 21e édition du Kristallschiessen en septembre 2023. Les personnes ­intéressées trouveront plus d’infos ainsi que l’adresse du comité directeur sur www.kristallschiessen.ch.

Résultats et statistiques