Les services sanitaires de la « Rettung Basel-Stadt » (Secours Bâle-Ville) disposent depuis début juillet d’une nouvelle ambulance bus. Jan-Hendrik Stiebeling, chargé de projets et Daniel Kobler, responsable de la section opérationnelle et directeur adjoint des services sanitaires, nous ont montré le véhicule dans le détail.
Incroyable, mais vrai : toutes les six à huit semaines en moyenne, Bâle connaît une potentielle situation de prise en charge massive (plus de six blessés) de victimes (PCMV) – souvent suite à un incendie d’immeuble. Pour la Sanität Basel (services sanitaires de Bâle), chaque intervention de ce type demande une importante mobilisation, explique Daniel Kobler : « Jusqu’à présent, il était toujours d’usage de dépêcher plusieurs ambulances de la Sanität Basel sur les lieux du sinistre. Notamment lorsqu’un nombre élevé de personnes était exposé aux gaz de combustion. À l’avenir, il suffira d’un seul véhicule pour ce type d’interventions, à savoir l’ambulance bus. Ce véhicule remplace jusqu’à cinq ambulances « normales », pour un prix diminué de moitié et avec, bien sûr, un personnel réduit. »
Acheté sous la menace de la terreur
Selon Jan-Hendrik Stiebeling, qui a investi énormément de temps, d’expérience et de réflexion dans la conception du véhicule, l’ambulance bus est, avec ses 12 mètres de long (plus coffre arrière : 13,5 m), ses presque 2,5 mètres de large, ses 3,20 mètres de haut et son poids maximal de 19 tonnes, « un équipement d’intervention dédié aux événements de grande envergure et aux situations exceptionnelles telles que les catastrophes. » Hormis les scénarios de PCMV, les évacuations d’un grand nombre de personnes (par exemple dans les immeubles, les lieux de rassemblement, les foyers ou les installations sportives) ont également fait l’objet d’une attention toute particulière. « Les transfèrements en unité de soins intensifs ou le transport de personnes extrêmement corpulentes » sont également envisageables, expose Jan-Hendrik Stiebeling. Il s’agit toutefois là d’un aspect supplémentaire intéressant qui a moins pesé dans la balance lors de la planification.
La raison : l’ambulance bus, qui existe déjà en grande quantité en Europe – et jusqu’ici uniquement à Zurich (voir encadré) et désormais aussi à Bâle – a fait l’objet d’une décision d’acquisition il y a environ cinq ans, alors que l’Europe était secouée par des attentats terroristes répétés. Le fait que ce nouveau véhicule n’ait pu être livré que récemment n’est pas dû à une planification de longue haleine, mais plutôt à la pandémie du Coronavirus. « Sans cette épidémie, nos services de secours auraient été en possession de la nouvelle ambulance grande capacité dès la fin 2020 », déclare Daniel Kobler.
Vert pomme à l’extérieur, high-tech en gris foncé à l’intérieur
À première vue, l’ambulance grande capacité bâloise fait penser à un bus de ligne très flashy. Ce n’est qu’après un examen plus attentif que l’on remarque les rampes gyrophare à l’avant et à l’arrière. Mais la sobriété a rarement été un inconvénient. En effet, les vraies valeurs de l’ambulance bus sont, comme souvent, dissimulées à l’intérieur. Cette dernière a été réalisée, selon Jan-Hendrik Stiebeling, par l’entreprise allemande Gebrüder Heymann GmbH de Nastätten et dispose de tout ce dont une unité de soins intensifs roulante a besoin.
Dans un souci de flexibilité et d’adaptation aux différents scénarios d’utilisation, seules les deux couchettes à l’arrière et six sièges sont fixes. Trois autres lits et de nombreux sièges supplémentaires peuvent être installés en option.
« Nous disposons de la place pour, au maximum, quatre à cinq personnes couchées, dont trois peuvent bénéficier parallèlement de soins intensifs », explique Jan-Hendrik Stiebeling. « D’un autre côté, il est également possible d’installer jusqu’à onze places assises et trois places couchées. » Dans une ambulance bus, seules 16 personnes au maximum sont admises. S’y rajoute le conducteur – l’un des 22 spécialement formés au préalable par les moniteurs professionnels de conduite des Basler Verkehrsbetriebe BVB.
Dans la configuration de base, l’ambulance bus est équipée de trois places de soins intensifs. Chacune est dotée d’un moniteur de contrôle, d’un appareil de ventilation et de réanimation, de pompes d’aspiration et de pousse-seringues et de l’ensemble des appareils faisant aujourd’hui partie de l’équipement de base de toute ambulance. Le véhicule dispose en plus d’un échographe et de nombreux tiroirs et armoires coulissantes qui permettent de ranger une grande quantité de matériel médical de manière sûre et propre. « De cette façon, l’ambulance grande capacité fait également office de petit entrepôt de matériel, pour le cas où le nombre de personnes à soigner sur le lieu du sinistre dépasse la capacité de prise en charge du véhicule », explique Daniel Kobler.
L’équipement médical d’intervention emballé séparément
À l’arrière, derrière les couchettes fixes et les deux sièges pour médecins urgentistes, on trouve en plus deux bouteilles d’air comprimé contenant 13 000 litres d’oxygène médical. « Cela suffit pour assurer la prise en charge simultanée de 16 personnes victimes d’une intoxication par gaz de fumée. Il faut savoir que chaque place dispose d’une prise à oxygène », explique Jan-Hendrik Stiebeling, et de souligner : « Pour nous, il était primordial que tous les moyens d’intervention utilisés dans l’ambulance bus soient absolument identiques à ceux embarqués dans les autres ambulances de l’organisation. Ce faisant, nous employons depuis longtemps des produits ayant fait leurs preuves, fournis par les mêmes fabricants et nous les emballons dans des packs modulaires, à savoir rouge pour le cardiovasculaire et bleu pour la respiration artificielle. Leur contenant et étiquettes sont toujours identiques, que ce soit dans le sac à dos, dans l’ambulance et désormais dans l’ambulance bus. Cela pour éviter que les services de secours ne soient dans l’obligation de se réadapter ou se réorganiser en fonction du véhicule utilisé pour l’intervention. Ils peuvent ainsi se baser à tout moment sur leur pratique et se concentrer entièrement sur leur travail. »
Superpuissant et pensé dans les moindres détails
Dans l’urgence, tout doit aller très vite. C’est pourquoi l’ambulance bus, construite sur la plateforme d’un Mercedes-Benz Citano et dont le prix avoisine le million de francs suisses, est particulièrement puissante. Le moteur diesel six cylindres, situé sous le poste de conduite, délivre une puissance de 354 ch. Outre le gyrophare bleu et la sirène, le véhicule est également doté d’un système d’extinction du compartiment moteur et d’une caméra à 360 degrés. Cette dernière permet non seulement de manœuvrer et de garer l’ambulance en toute sécurité, mais aussi de surveiller les alentours éclairés de nuit par des lumières LED situées de chaque côté du toit.
Un store de protection peut être déployé sur pratiquement toute la partie latérale droite du véhicule. Un coffre amovible est positionné à l’arrière du véhicule. Selon Daniel Kobler : « Ce dernier offre suffisamment de place pour y entreposer l’équipement d’intervention encombrant, dont les civières et un groupe électrogène inverter 4,2 kW de type Denqbar DQ-4200 offrant une grande autonomie à l’ambulance bus même lors d’interventions de longue durée. »
Sa taille peut présenter un handicap
« Bigger is better » est souvent vrai, mais peut aussi devenir un véritable casse-tête. Pour l’ambulance bus des services sanitaires de Bâle, le défi réside dans l’impossibilité du véhicule de s’engager directement dans les urgences de l’hôpital universitaire de Bâle. Mais cela ne pose pas vraiment de problème, puisqu’un arrêt de bus de la ligne 34 est situé juste devant les urgences. Par contre, le fait de voir s’y arrêter l’ambulance bus vert pomme au lieu du bus vert foncé des transports publics de Bâle BVB pourra étonner plus d’un utilisateur ou touriste.